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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

pourquoi Mirabella semble me rendre responsable des bêtises qu’il lui écrit. — Comme si j’étais chargée de lire les lettres de Mallefille, de les comprendre, de les commenter, de les corriger ou de les approuver ! Dieu merci, je ne suis pas forcée de donner de l’esprit à ceux qui en manquent. Je n’en ai pas trop pour moi-même, et, si quelqu’un peut en donner à Mallefille (à qui cela ne ferait certes pas de mal), c’est la princesse et non le docteur Piffoël, qui se creuse vainement la tête pour comprendre quelque chose à cet incident bizarre.

Mallefille écrit une lettre à la princesse ; cette lettre est bête, ce qui ne m’étonne pas du tout. Croyant que la princesse était fort habituée aux lettres de Mallefille, et ne prétendant nullement les endosser, je donne accès à ladite lettre dudit Mallefille dans une lettre de moi à la princesse. Je n’en prends, pardieu, pas connaissance. J’ai assez de lettres bêtes à lire tous les jours ! Si celle de Mallefille se trouve encore plus bête ce jour-là que les autres jours, il me semble qu’on me doit des remerciements pour l’avoir mise dans la mienne et pour avoir épargné à la princesse de payer trente sous pour une lettre bête.

Maintenant, je demande, quand on se laisse écrire par Mallefille, de quoi diable on a le droit de se plaindre ? Quand on connaît Mallefille et son style, on doit s’attendre à tout ! Ah ! sacredié ! il ne me manquerait plus que cela, de former Mallefille au style épistolaire ! Je sais bien, pour mon compte, que je trouverai