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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

serait guère ? J’ai reçu des nouvelles de Clotilde[1], qui m’a dit que vous vous portiez bien ; c’est ce qui me rassurait sur votre compte et contribuait à mon silence puisque j’étais sans inquiétude.

Si vous eussiez effectué le projet de venir à Nohant, nous aurions dans ce moment le chagrin de vous quitter. Je pars dans huit jours pour les Pyrénées. J’ai eu le bonheur d’avoir ici pendant quelques jours, deux aimables sœurs, mes amies intimes de couvent, qui se rendent aux mêmes eaux, avec leur père, et un vieil ami fort gai et fort aimable. En quittant Châteauroux, elles n’ont pu se dispenser de venir passer quelques jours à Nohant, qui était devenu pour moi un lieu de délices par la présence de ces bonnes amies. Je les ai reconduites un bout de chemin et ne les ai quittées qu’avec la promesse de les rejoindre bientôt.

Nous allons donc entreprendre un petit voyage de cent quarante lieues d’une traite. C’est peu pour vous qui faites le voyage d’Espagne comme celui de Vincennes ; mais c’est beaucoup pour Maurice, qui aura demain deux ans. J’espère néanmoins qu’il ne s’en apercevra pas, à en juger par celui de Nohant, qu’il trouve trop court à son gré. D’ailleurs, nous ne voyagerons que le jour et en poste. Nous sommes donc dans l’horreur des paquets. Nous emmenons Fanchon[2], et Vincent[3], qui est fou de joie de voyager sur

  1. Clotilde Daché, née Maréchal, cousine de George Sand.
  2. Femme de chambre.
  3. Cocher.