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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

de m’appliquer même au travail qui m’est le plus agréable, c’est-à-dire de m’entretenir avec les gens que j’aime. Au lieu de cela, il faut m’ennuyer en cérémonie depuis une semaine avec des gens occupés de politique et d’élections, que je comprends fort peu, mais qu’il faut avoir l’air de comprendre sous peine d’impolitesse, et devant qui il faut sembler s’intéresser prodigieusement au succès de choses dont on entend parler pour la première fois. Casimir avait l’air tout ce temps d’un chef de parti, et, grâce à ses efforts, des députés parfaitement libéraux ont été nommés dans tous les collèges environnants. J’en suis charmée, et je le suis encore davantage de voir cette corvée terminée et de ne plus voir la fièvre sur tous les visages.

Casimir m’a dit que vous aviez été malade, mon cher Caron. Donnez-nous de vos nouvelles ; vous nous oubliez tout à fait, et vous avez tort ; car vous avez toujours en nous de vrais et fidèles amis.

Ne craignez donc aucun refroidissement de notre part : ma mauvaise santé et les ennuyeuses élections ont été la seule cause de mon long silence. Casimir m’a dit que vous aviez éprouvé beaucoup de chagrins. Quelle qu’en soit la cause, croyez que je les partage du fond du cœur et qu’ils ne me trouveront jamais indifférente.

Voici l’ami Dutheil et le beau docteur[1] qui me chargent de vous assurer de leur amitié et me forcent

  1. Charles Delaveau.