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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Clermont[1] ; ne serez-vous pas tentée de l’accompagner ? Il y a longtemps que vous projetez ce voyage, et, au retour, vous vous arrêteriez ici, ou bien nous vous verrions en Auvergne, où je vais passer quelques semaines, et nous reviendrions ensemble à Nohant. Si c’est là la surprise que vous me ménagez, je ne me plaindrai pas que vous me l’ayez fait trop longtemps désirer.

Depuis que je ne vous ai écrit, je me suis assez bien portée ; mais j’ai eu plusieurs accidents où j’ai failli me tuer. Je serais morte sans un souvenir de vous, ma chère maman, et ce n’eût pas été un de mes moindres regrets à quitter la vie.

Je ne veux pas vous écrire plus longuement aujourd’hui. Je vous gronderais, je crois, et ce serait passablement ridicule. Il y a déjà longtemps que j’ai sur le cœur de vous reprocher votre paresse, et que je recule toujours, espérant une lettre ; mais elle n’arrive pas.

Adieu, ma chère maman ; pardonnez-moi d’être un peu en colère contre vous et faites-moi voir, je vous en prie, que vous vous ressouvenez d’une fille que vous avez en Berry et qui vous aime plus que vous ne songez à elle.

  1. Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).