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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

homme, un peu maniéré et très vaniteux. J’ai fait aussi connaissance avec Berryer, qui m’a semblé beaucoup meilleur garçon, plus simple et plus franc, mais pas assez sérieux pour moi ; car je suis très sérieuse, malgré moi et sans qu’il y paraisse.

Je me suis brouillée avec madame A…, qui est une bavarde. J’ai fait connaissance et amitié avec David Richard[1]. Il y a entre nous deux liens : l’abbé de Lamennais, que j’adore, comme vous savez, et Charles Didier, qui est mon vieux et fidèle ami. À propos, vous me demandez ce qui en est d’une nouvelle histoire sur mon compte, où il jouerait un rôle ? — Je ne sais ce que c’est. Que dit-on ? — Ce qu’on dit de vous et de moi. Vous savez comme c’est vrai ; jugez du reste. Beaucoup de gens disent à Paris et en province que ce n’est pas madame d’… qui est à Genève avec vous, mais moi. Didier est dans le même cas que vous, à l’égard d’une dame qui n’est pas du tout moi.

Je n’ai pas vu madame Montgolfier. Elle m’a écrit et m’a envoyé votre lettre. Je lui répondrai à Lyon ; je n’en ai pas encore eu le temps.

Cette lettre de vous est la troisième à laquelle je n’avais pas encore répondu. Je vous en donne aujourd’hui pour votre argent. — Bonjour ! il est six heures du matin. Le rossignol chante, et l’odeur d’un lilas arrive jusqu’à moi par une mauvaise petite rue tor-

  1. Le docteur David Richard, savant phrénologiste, ami de l’abbé de Lamennais et de Charles Didier.