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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

t’avais, et tu t’amuserais aussi. Je suis chez Duteil, nous passons très gaiement les jours gras. Tous les soirs, nous avons bal masqué. Je déguise tous les enfants, Duteil prend son violon, nous allumons quatre chandelles et nous dansons. Si tu étais là, avec ta sœur, la fête serait complète. Hélas ! tous ces mioches me font sentir l’absence des miens.

Si j’étais libre de quitter mes affaires, ce n’est pas avec eux que je serais en train de me divertir, mais bien avec vous, mes pauvres petits. Vous amusez-vous, du moins ? Tu es sorti avec ton père, Solange avec ma tante ; racontez-moi à quoi vous avez passé le temps. Il est bien facile de s’amuser avec les gens qu’on aime. Pour moi, il n’y a pas de vrai plaisir sans vous.

Aux vacances, nous nous amuserons ; car s’amuser, c’est être heureux, et tu sais, quand nous sommes ensemble tous les trois, nous n’avons besoin de personne pour être joyeux toute la journée.

J’espérais être à Paris ces jours-ci ; mais les gens avec lesquels je suis en affaires m’ont fait attendre et retardée. Il me faut donc attendre encore quinze jours avant d’aller t’embrasser. Garde-moi des sorties pour le mois de mars, afin que je t’aie le jeudi et le dimanche pendant deux ou trois semaines. Cette fois, c’est certain, et je ne prévois plus d’obstacle possible à mon voyage. N’en parle cependant pas ; tu sais, une fois pour toutes, que tu ne dois rien dire de ce que je t’écris, pas même les choses en apparence les plus indifférentes.