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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

égard pour lui, je ne vous les détaillerai pas. J’irai à Paris dans quelque temps et je vous prendrai vous-même pour juge de ma conduite. Dans mon intérêt, dans le sien propre, et dans celui de mes enfants, je crois que j’ai bien fait. Dudevant sent que sa cause est mauvaise ; car il n’essaye pas de la défendre, il retourne à Paris dans quelques jours, pendant que les tribunaux prononceront le jugement.

Si vous le voyez, ne paraissez point informée de ce qui se passe ; car son amour-propre, qui souffre déjà beaucoup, pourrait être irrité s’il pensait que je me livre contre lui à des récriminations. Il me susciterait peut-être alors quelque chicane qui produirait du scandale et n’améliorerait pas sa position. D’ailleurs, vous ne désirez pas que je perde un procès à la suite duquel je me trouverais à sa disposition. J’ai mille chances pour le gagner ; mais une seule peut m’être contraire, et c’est assez pour succomber.

Soyez donc prudente ; car il ira sans doute près de vous dans l’intention de se justifier ou de vous sonder. Ayez l’air, chère maman, de ne rien savoir. Quant à moi, sans avoir l’intention de l’accuser inutilement, je croirais manquer à mon devoir, si je ne vous informais pas de ma situation dans une circonstance si grave.

Voici quels seront les résultats du jugement que j’espère obtenir et dont il a posé ou accepté toutes les clauses. Je lui ferai une pension de trois mille huit cents francs qui, jointe à douze cents francs de rente