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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

avant que je m’en aille en Suisse, d’où je reviendrai pour les vacances de mes mioches.

J’ai fait connaissance avec Michel, qui me paraît un gaillard solidement trempé pour faire un tribun du peuple. S’il y a un bouleversement, je pense que cet homme fera beaucoup de bruit. Le connais-tu ?

Planet est toujours un charmant jeune homme, bon comme un ange. Fleury a une fille charmante, une femme idem. Madame Charles est encore grosse. Le père Duvernet se meurt ; j’en suis très peinée, c’est un vieux débris de notre ancien Nohant qui s’en va rejoindre notre père et notre grand’mère. En outre, c’est un brave homme qui manquera beaucoup au pays. Agasta va tout doucement. Félicie reste près d’elle. Madame *** va rejoindre ses parents pour les aider à transporter leur nouvelle résidence. Par la même occasion, elle plantera une corne ou deux à son imbécile de mari, si elle en trouve l’occasion. Que n’es-tu là, consolateur de la beauté délaissée ! M. de … s’en serait chargé, si elle eût été tant soit peu bien née ; mais c’était trop d’honneur pour une roturière, et il attend que la duchesse de Berri vienne à B… pour déranger sa cravate et sa vertu.

Ton fils Duplomb va, dit-on, revenir ; il envoie en présent des perruches aux dames de la Châtre : c’est un cadeau ironique et facétieux comme lui ; Fleury a manqué étouffer M. Vilcocq[1] en l’embrassant, Ben-

  1. Marchand de vins.