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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Croyez-moi, votre sort est le plus beau possible. Celui de vous qui imaginerait et désirerait mieux serait bien ingrat. Je conviens qu’il te faut une occupation habituelle, il en faut à tout le monde. Tu es résolu à en chercher une, et je t’approuve tout à fait. C’est une folie de ne se croire bon à rien. Moi, je crois que tout le monde est propre à tout, que tu peux faire des romans et que je peux être receveur particulier. Il ne faut que vouloir. Si tu es bien décidé à quelque chose, et que tu aies besoin de moi, mon cœur, mon bras, ma bourse, sont à toi. Si tu viens faire ton droit, amène ta femme, je serai sa mère et sa sœur.

En attendant, je lui envoie une jolie robe à la mode et des manchettes. Je la prie de faire porter le chapeau chez la petite Gauloise[1]. Quant à ta musique et à la pipe d’Alphonse, ce sera l’objet d’un second envoi. Je suis pour une huitaine sans le plus léger sou, ce qui m’arrive quelquefois sans manquer de rien d’ailleurs, par suite de l’ordre admirable qui me caractérise. Je ne veux pas faire attendre la robe, je trouverai une occasion pour vous faire passer le reste. Mais dis-moi quelles sont les contredanses qu’Eugénie m’avait demandées : il faut avouer aussi que je ne m’en souviens pas. Les manchettes ne sont pas telles qu’elle les désirait, on n’en porte plus d’autres que celles que je lui envoie.

Quand vous reverrai-je, mes bons amis ? le plus

  1. Madame Alphonse Fleury.