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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

çay. Cela t’arrange-t-il ? J’ai tout le mois pour courir, mais le froid viendra. Si tu m’en crois, tenons-nous prêts aux premiers jours de soleil qui reviendront, s’il en revient. J’avertirai Gustave[1]. Réponds-moi donc et décide le jour ; c’est à toi, qui n’es pas libre quand tu veux, de régler l’ordre et la marche. Mais il faut nous prévenir d’avance, afin de préparer nos pataches, nos pistolets de voyage, nos pelisses fourrées, nos astrolabes, enfin tout l’appareil du voyageur.

Je suis charmée qu’on m’accueille chez toi avec bienveillance. J’ai fort envie de voir tous ces enfants ; Juliette[2] surtout me plaît. Préviens ta mère et tes grandes sœurs que j’ai excessivement mauvais ton, que je ne sais pas me contenir plus d’une heure ; qu’ensuite, semblable au baron de Corbigny, « je ne puis m’empêche de jurer et de m’enivrer ». Que veux-tu ! chacun a ses petites faiblesses, disait je ne sais plus quel particulier, en faisant bouillir la tête de son père dans une marmite, pour la manger. Enfin garde-toi de me faire passer pour quelque chose de présentable. S’il fallait soutenir ensuite la dignité de mon rôle, je souffrirais trop.

Fais-moi le plaisir de m’envoyer une boîte de pains à cacheter les plus petits possibles. Je t’ai fait de grands et magnifiques présents, tu peux bien me faire celui-là : autrement, je serai forcée de t’envoyer mes lettres ouvertes. On ignore à la Châtre l’usage des

  1. Gustave Papet.
  2. Juliette Rollinat, sœur de François Rollinat.