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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Solange. Elle l’appelle son farceur de noncle. Si Oscar était là, il s’amuserait bien aussi.

Je suis fort aise que mon livre vous amuse[1]. Je me rends de tout mon cœur à vos critiques. Si vous trouvez la sœur Olympe trop troupière, c’est sa faute plus que la mienne. Je l’ai beaucoup connue et je vous assure que, malgré ses jurons, c’était la meilleure et la plus digne des femmes. Au reste, je ne prétends pas avoir bien fait de la prendre pour modèle dans le caractère de ce personnage. Tout ce qui est vérité n’est pas bon à dire ; il peut y avoir mauvais goût dans le choix. En somme, je vous ai dit que je n’avais pas fait cet ouvrage seule. Il y a beaucoup de farces que je désapprouve : je ne les ai tolérées que pour satisfaire mon éditeur, qui voulait quelque chose d’un peu égrillard. Vous pouvez répondre cela pour me justifier aux yeux de Caroline, si la verdeur des mots la scandalise. Je n’aime pas non plus les polissonneries. Pas une seule ne se trouve dans le livre que j’écris maintenant et auquel je ne m’adjoindrai de mes collaborateurs que le nom ; le mien n’étant pas destiné à entrer jamais dans le commerce du bel esprit.

Je ne m’occupe pas exclusivement de ce travail. À présent, je puis en prendre à mon aise, sans me tourmenter l’esprit. Si quelquefois je travaille avec passion, c’est parce que je ne sais pas m’occuper à demi. Je suis comme vous, avec vos dessins et vos

  1. Rose et Blanche.