Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 1.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


VII

À LA MÊME


Nohant, 25 février 1826[1].


Ma chère maman,

J’ai bien du malheur ! Je vais à Paris précisément à l’époque où tout le monde y est, et ma mauvaise étoile veut que je ne vous y trouve pas.

Je cours chez ma tante, pour y apprendre que vous êtes à Charleville. Je vous espère tous les jours, mais je n’ai signe de vie qu’à mon retour ici, où je trouve enfin une lettre de vous.

C’est une grande maladresse de ma part que d’aller, au bout de deux ans, passer quinze jours à Paris et de ne pas vous y rencontrer. Mais il y avait si longtemps que je n’avais reçu de vos nouvelles, que je vous croyais bien de retour chez vous. Caron même, chez qui nous avons demeuré, vous croyait sa voisine. Enfin, j’ai joué de malheur, et me voilà rentrée dans mon Berry, ne sachant plus quand j’en sortirai, ni quand j’aurai le bonheur de vous embrasser.

Ma santé, à laquelle vous avez la bonté de porter tant d’intérêt, est meilleure que la dernière fois que je vous écrivis ; la preuve en est que j’ai eu la force de passer quatre nuits dans le courrier, tant pour

aller que pour venir sans être malade, ni à l’arrivée,

  1. wikisource : 1827 cf. Karenine « Or, les deux faits se rapportent à l’hiver de 1826-1827. Le mariage de Fanchon eut lieu le 20 décembre 1826. La lettre à Mme Dupin doit donc être du 25 février 1827. »