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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

a senti ce matin l’absurdité d’une poursuite de ce genre, il a fait signifier aux tribunaux d’en rester là. Tant pis ! une condamnation politique eût fait ma réputation et ma fortune.

La littérature est dans le même chaos que la politique. Il y a une préoccupation, une incertitude dont tout se ressent. On veut du neuf, et, pour en faire, on fait du hideux. Balzac est au pinacle pour avoir peint l’amour d’un soldat pour une tigresse et celui d’un artiste pour un castrato. Qu’est-ce que tout cela, bon Dieu !

Les monstres sont à la mode. Faisons des monstres ! J’en enfante un fort agréable dans ce moment-ci. Je vous conterai, sur tout ce que je vois, de singulières particularités. Si j’avais le temps de les enregistrer, ce serait un curieux journal.

Adieu, mon cher enfant ; parlez-moi beaucoup de mon fils et de votre santé. Je vous embrasse de tout mon cœur.


LXIV

À MADAME MAURICE DUPIN, À PARIS


Nohant, 14 avril 1831.


Ma chère maman,

J’ai bien tardé à vous annoncer mon arrivée, parce que j’ai séjourné quelques jours à Bourges, où j’ai été