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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

fois, et moi aussi.) Vous auriez ri (que je dis) si vous les aviez vus, le nez sur le Figaro et se donnant à tous les diables pour savoir quelle énigme politique leur cachait cette Molinara et ce polisson de moulin.

D’aucuns disaient : « C’est un emblème ; » d’aucuns répondaient : « C’est une anagramme ; » et d’aucuns reprenaient : « C’est un logogryphe. » — Qui donc est cette meunière ? C’est Delphine Gay ! — Oh ! non, c’est la duchesse de Berry. — Bah ! c’est la femme du dey d’Alger. — Dans tous les cas, c’est bien savant, on n’y comprend goutte. »

Moi, je riais non pas dans ma barbe, mais dans ma tabatière, et je leur disais d’un air mystérieux : « Messieurs, je sais de bonne part que c’est la femme du pape. » À quoi ils répondaient : « Pas possible ? — Parole d’honneur ! »

Vous avez vu depuis, un grand article intitulé Vision. M. de Latouche l’a trouvé très remarquable et m’a priée en quelque sorte de le lui donner. Il est de J. S…, qui me l’avait confié et qui n’a pas été très content de le voir mutilé et raccourci. Il le destinait au Voleur, et, moi, je l’ai volé, au profit du Figaro. Dans le même numéro, une bigarrure (la première) fait grand scandale. Elle n’a rien de joli ; mais, comme elle tombe d’aplomb sur le ridicule de la circonstance, les rieurs s’en sont emparés, le roi citoyen s’en est offensé, et M. Nestor Roqueplan, le signataire du journal, au moment de recevoir la croix (dont Sa Majesté n’est pas chiche d’ailleurs), se l’est