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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Vous demandez ce que je viens faire à Paris. Ce que tout le monde y vient faire, je pense : me distraire, m’occuper des arts qu’on ne trouve que là dans tout leur éclat. Je cours les musées ; je prends des leçons de dessin ; tout cela m’occupe tellement, que je ne vois presque personne. Je n’ai pas encore été à Saint-Cloud. Depuis plusieurs jours, c’est une partie arrangée avec Pierret ; mais le mauvais temps l’ajourne. Je n’ai pas vu non plus M. de Villeneuve[1], ni mes amies de couvent. Je n’ai pas le temps ; puis il faut faire des toilettes, un peu de cérémonie, et cela m’ennuie. Depuis si longtemps, je ne sais ce que c’est que la contrainte des salons. Je veux vivre un peu pour moi. Il en est temps.

Je reçois souvent des lettres de mon petit Maurice. Il se porte bien, ainsi que sa sœur. Maurice a un très bon instituteur, fixé près de lui pour deux ans au moins. Cette sécurité me donne un peu plus de liberté. Ne lui étant plus absolument nécessaire, je compte venir plus souvent à Paris que je n’ai fait jusqu’ici, à moins que je ne m’y ennuie, ce qui pourrait bien m’arriver. Jusqu’à présent, je n’en ai pas eu le temps, et, si je continue à m’y trouver bien, je ne retournerai chez moi qu’au commencement d’avril.

Vous le voyez, ma chère maman, je ne puis manquer de vous embrasser cet hiver ; car vous ne resterez pas tout ce temps-là loin de Paris. S’il en était

  1. Le comte René de Villeneuve, cousin de George Sand.