Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 1.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

prise de ses intentions officieuses à mon égard. Je n’ai jamais fait la folie de croire en elle ; aussi je ne puis être offensée de sa conduite envers moi, quelle qu’elle puisse être.

Je ne puis rien vous promettre pour le voyage à Nîmes. Ce n’est pas la considération de l’argent qui m’arrête le plus. Ce voyage doit être peu dispendieux. Mais je serai désormais dans une position qui me prescrira beaucoup de prudence dans mes démarches. Le bon accord que, malgré ma séparation d’avec mon mari, je veux conserver dans tout ce qui concernera mon fils, m’obligera à le ménager de loin comme de près. J’ai déjà reconnu que ce projet ne lui souriait point. Désormais, je ne dois laisser aucune prise contre moi, ou tout le fruit de mon énergie serait perdu et j’aurais fourni des armes contre moi-même.

J’éprouve un autre chagrin très vif : c’est de n’avoir pas une obole dont je puisse disposer maintenant. Si j’étais à Paris, je vous trouverais de l’argent dans la journée. Je vendrais mes effets plutôt que de ne pas vous rendre un service ; mais, ici, que faire ? Je suis dans une position délicate envers mon mari. Je lui dois ; c’est-à-dire que je suis en avance de la pension qu’il me fait. Cela ne m’a pas empêchée de lui adresser une demande, aussitôt votre lettre reçue. J’ai éprouvé un refus assez poli, mais très décisif. Plaignez-moi, je ne maudis mon défaut d’ordre jamais autant que lorsqu’il m’empêche de servir l’amitié ! Cependant, si vous ne pouvez trouver d’argent ail-