Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 1.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

à jamais dans la hotte parricide, ramassent, dans ces torrents fangeux qui se brisent en mugissant dans les égouts de la capitale, divers objets abandonnés à la parcimonieuse industrie, qui sait tirer parti de tout, et faire du papier à lettres avec de vieilles bottes et des chiens morts ;

De même, ô mes sensibles et romantiques amis ! après une longue, laborieuse et pénible recherche, j’ai à peu près compris la lettre bienfaisante et sentimentale que vous m’avez écrite, au milieu des fumées du punch et dans le désordre de vos imaginations, naturellement fantasques et poétiques. Triomphez, mes amis, enorgueillissez-vous des dons que le ciel prodigue vous a départis ; soyez fiers, car vous avez droit de l’être !

Vous avez atteint et dépassé les limites du sublime. Vous êtes inintelligibles pour les autres comme pour vous-mêmes. Nodier pâlit, Rabelais ne serait que de la Saint-Jean, et Sainte-Beuve baisse pavillon devant vous.

Immortels jeunes hommes, mes mains vous tresseront des couronnes de verdure quand les arbres auront repris des feuilles, le laurier-sauce s’arrondira sur vos fronts et le chêne sur vos épaules, si vous continuez de la sorte.

Heureuse, trois fois heureuse la ville de la Châtre, la patrie des grands hommes, la terre classique du génie !… heureuses vos mamans ! heureux aussi vos papas !