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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND
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XL

À M. JULES BOUCOIRAN, À PARIS


Nohant, 20 juillet 1830.


Mon cher enfant,

Où êtes-vous ? Je vous écris à tout hasard à Paris. Vous m’aviez promis de venir me voir aussitôt votre retour dans le pays, et je ne vous vois point arriver. Dernièrement madame Saint-Agnan me mandait qu’elle vous voyait souvent. Pourquoi ne m’écrivez-vous pas ? Je sais que vous vous portez bien, que vous avez conservé l’habitude de cette gaieté bruyante que je vous connais. Mais ce n’est pas assez ; je veux que vous bavardiez un peu avec moi et me racontiez ce que vous faites et ne faites pas.

Moi, je ne vous dirai rien de curieux. Vous savez comment on vit à Nohant ; le mardi ressemble au mercredi, le mercredi au jeudi, ainsi de suite. L’hiver et l’été apportent seuls quelque diversion à cet état de stagnation permanente. Nous avons le sentiment ou, si vous aimez mieux, la sensation du froid et du chaud pour nous avertir que le temps marche et que la vie coule comme l’eau. C’est un cours tranquille, celui qui me mène et je ne demande pas à rouler plus vite. Mais vous, dans ce