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V

LA FIGURE PERDUE


On quitta la ville au mois de mai et on alla à la campagne. Diane s’y plaisait beaucoup.

Un jour qu’elle cueillait des violettes à la lisière d’un petit bois qui était entre le jardin de son père et celui d’une dame du voisinage, elle entendit qu’on parlait tout près d’elle, et, en regardant à travers les branches, elle vit sa belle-mère qui était en visite chez cette dame et qui avait une jolie toilette de mousseline sur un habillement de taffetas rose. La voisine était mise plus raisonnablement pour se promener dans le bois, où madame Laure l’avait trouvée. Toutes deux étaient assises sur un banc.

Diane alla pour les saluer, puis elle s’arrêta intimidée. Elle n’était pas sauvage, mais madame Laure était devenue si froide et si indifférente pour elle, qu’elle ne savait plus si elle lui faisait plaisir en l’abordant. Elle s’éloigna donc, incertaine et attris-