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de tout ce qui venait au bout de son crayon. Elle voyait, avec son imagination et avec son ignorance, de charmants personnages à la place des magots qu’elle venait de tracer, et quand elle avait fait une boule avec quatre jambages au-dessous, elle se persuadait avoir fait un mouton ou un cheval. Ces faciles illusions-là étaient dissipées, et, chaque fois qu’elle avait fait une ébauche, le docteur avait beau lui dire : eh, eh ! ce n’est pas mal ! — elle se disait à elle-même — non, c’est mal, je vois bien que c’est mal.

Elle crut quelque temps que la fièvre l’empêchait de bien voir, et elle priait toujours son bon ami de la guérir. Il y réussit peu à peu, et alors, se sentant plus forte et plus gaie, elle ne se trouva plus si pressée de savoir dessiner. Elle oublia ses crayons et passa son temps à se promener dans le jardin ou dans la campagne avec sa nourrice, s’amusant de tout, prenant des forces et dormant très-bien la nuit.