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comparer !… Ah ! tenez, vous êtes un artiste frivole ! Vous ne vous connaissez qu’en dentelles et en manchons, vous ne vous doutez pas de ce que c’est que la vie !

Flochardet était habitué aux vivacités du docteur. Il les accueillit en riant, et son domestique étant venu l’avertir que la voiture de sa cliente, la marquise de Sept-Pointes, entrait dans la cour, il se retira en riant toujours.

— Vous êtes méchant aujourd’hui, mon bon ami, dit Diane scandalisée au docteur ; mon papa est un grand artiste, tout le monde le dit.

— C’est pourquoi il ne devrait pas dire de sottises, répliqua le docteur, toujours très-animé.

— Si ce qu’il dit n’est pas vrai, il le dit pour s’amuser.

— Apparemment ! Laissons cela, mais toi… écoute : Tu trouves cette petite tête jolie, n’est-ce pas ?

— Oh ! bien jolie, vrai, je l’aime !

— Sais-tu pourquoi ?

— Non.

— Essaie de dire pourquoi.

— Elle rit, elle est gaie, elle est jeune, c’est comme un vrai enfant.

— Et pourtant c’est l’image d’un Dieu ?

— Vous l’avez dit, le dieu des vendanges.

— Ce n’est donc pas un enfant comme les autres ? Celui qui l’a faite a pensé que cet enfant-là devait être plus fort et plus fier que le premier venu. Regarde l’attache du cou, la force et l’élégance de la nuque, la chevelure un peu sauvage sur un front bas