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robe plus fraîche avant qu’il fermât les malles, mais Diane, malgré sa simplicité, avait beaucoup de tact. Elle voyait bien que Blanche de Pictordu était jalouse de sa simple toilette de voyage. Elle ne voulut pas augmenter son dépit en se faisant plus belle. Elle pria son père de la laisser comme elle était, et même elle retira et mit dans sa poche une petite boucle de turquoises qui retenait le velours noir passé à son cou.

Quand la voiture fut rechargée, le marquis et sa fille qui étaient venus à pied, y montèrent avec Diane et Flochardet, et, une demi-heure après, on arriva à la maison neuve.

C’était une petite ferme avec un pigeonnier aux armes de la famille et un appartement de maître des plus modestes. Le marquis était un excellent homme assez borné, peu instruit quoique bien élevé, très-hospitalier et très-pieux, et pourtant incapable de se résigner à être un des moindres seigneurs de sa province, lui qui par sa naissance, se flattait d’être au-dessus des huit grands barons du Gévaudan.

Il n’avait d’amertume contre personne et trouvait fort juste qu’un peintre s’enrichît par le travail. Il témoignait beaucoup d’estime à Flochardet dont il n’était pas sans avoir entendu parler, et il lui faisait le meilleur accueil possible ; mais il ne pouvait se défendre de s’excuser à tout instant de son manque de luxe, et d’ajouter que, dans ce monde en décadence, la noblesse sans l’argent n’était plus considérée.

Ce n’est pas qu’il fût maussade. Il s’ennuyait et ne