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ne lui avait jamais donné de leçons. Il s’était contenté de lui donner du papier et des crayons tant qu’elle en voulait pour faire ses barbouillages d’enfant dans un coin de son atelier, et dans ce temps-là, elle essayait de copier les portraits qu’elle lui voyait faire. Il trouvait ces essais fort drôles et en riait de tout son cœur, mais il ne croyait pas qu’elle eût la moindre disposition pour le dessin, et il était résolu à ne pas la tourmenter pour lui faire suivre sa carrière.

Au couvent où Diane venait de passer un an, on n’apprenait pas à dessiner. Dans ce temps-là, on ne recevait une éducation d’artiste que pour arriver à gagner sa vie, et Flochardet, étant riche, pensait à faire de sa fille une vraie demoiselle, c’est-à-dire une jolie personne sachant s’habiller et babiller, sans se casser la tête pour être autre chose.

Diane aimait pourtant le dessin avec passion, et jamais elle n’avait rencontré un tableau, une statue ou une image sans l’examiner avec une grande attention. Il y avait dans la chapelle de son couvent quelques statuettes de saintes et quelques peintures qui lui plaisaient plus ou moins. Je ne sais pourquoi, en regardant la fresque des bains de Diane au château de Pictordu, et en se rappelant d’une manière un peu confuse tout ce que la fée lui avait montré durant la nuit, elle se persuada que les images de son couvent ne valaient rien et qu’elle avait maintenant devant les yeux quelque chose de très-beau.

Elle se rappela qu’en mettant deux albums dans sa malle, son père lui avait dit : Ce petit-là sera