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— Te voilà bien ; que veux-tu voir à présent ?

— Tout ce que tu voudras que je voie.

— N’as-tu aucune idée ?

— Veux-tu me faire voir des dieux ?

La fée ne parut pas surprise de cette demande. Diane avait eu autrefois dans les mains un vieux livre de mythologie avec des figures bien laides qui lui avaient semblé très-belles d’abord, et qui avaient fini par l’impatienter. Elle rêvait de voir quelque chose de mieux et pensait que la fée devait avoir de belles images. Celle-ci la conduisit dans une salle où il y avait des peintures représentant des personnages mythologiques grands comme nature. Diane les regarda d’abord avec étonnement et puis avec le désir de les voir remuer.

— Fais les donc venir auprès de nous, dit-elle à la fée.

Aussitôt toutes ces divinités sortirent de leurs cadres et se mirent à marcher autour d’elles, puis à s’élever très-haut et à tourbillonner au plafond comme des oiseaux qui se poursuivent. Elles allaient si vite que Diane ne pouvait plus les distinguer. Il lui sembla en reconnaître quelques-unes qu’elle avait aimées dans son livre, la gracieuse Hébé avec sa coupe, la fière Junon avec son paon, le gentil Mercure avec son petit chapeau, Flore avec toutes ses guirlandes ; mais tout ce mouvement la fatigua encore.

— Il fait trop chaud chez toi, dit-elle à la fée, mène-moi dans ton jardin.

Au même instant elle se trouva sur la terrasse ;