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langue des imaginations comme il en lit dans ses livres.

Je priai Miquel de se livrer à son imagination, puisque l’imagination devait jouer un rôle dans son récit. Il se recueillit un instant, tout en attisant le feu, regarda ses sœurs avec un bon et fin sourire, et tout à coup, l’œil brillant et le geste animé, il parla ainsi.



II


— Il y a sur les flancs du Mont-Aigu, à cent mètres au-dessus de nous, — je vous montrerai cela demain, — un plateau soutenu par un contre-fort de rochers et creusé en rigole, comme celui où nous sommes, avec de beaux herbages, quand la neige est fondue. Il y fait plus froid, l’hiver y est plus long, voilà toute la différence. Ce plateau a un nom singulier : on l’appelle le plateau d’Yéous. Pourriez-vous me dire ce que ce nom-là signifie ?

Après avoir réfléchi un instant : — J’ai ouï dire, lui répondis-je, que beaucoup de montagnes des Pyrénées avaient été consacrées à Jupiter ou Zeus, dont il faut, je crois, prononcer le nom Zéous

— Vous y êtes ! reprit Miquel avec joie. Vous voyez, mes sœurs, que je n’ai pas inventé cela, et que les gens instruits me donnent raison. À présent, monsieur mon ami, dites-moi si vous vous souvenez