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— À présent que nous voici dans le pli, me dit Miquelon, nous pouvons causer. Vous êtes chez moi, ce vallon m’appartient tout entier. Il n’est pas large, mais il est assez long, et la terre est bonne, l’herbe délicieuse. Tenez, vous pouvez voir là-bas mes cabanes et mon troupeau. Nous habitons cela une partie de l’année, et l’hiver nous descendons dans la vallée.

— Tu dis nous, tu es donc en famille ?

— Je ne suis pas marié. J’ai mes deux jeunes sœurs avec moi ; je ne suis pas encore assez à l’aise pour avoir femme et enfants avant qu’elles ne soient établies. Ça viendra sans doute, rien ne presse ; nous vivons en paix. Je vous les présenterai, ces petites que vous avez vues si misérables. Ah dame ! elles aussi sont changées ! mais voyez d’abord mes belles vaches en passant.

— Certainement ; elles font honneur à ton pâturage ; cependant il ne doit pas être facile de les faire descendre d’ici ?

— C’est très-aisé au contraire. À l’autre bout de mon petit bien, il y a un sentier que j’ai rendu très-praticable. Celui où je vous ai rencontré n’est pas le bon ; il fallait bien le suivre ou vous faire faire un trop grand détour.

— J’allais au hasard : mais toi, tu avais un but, et je te l’ai fait manquer ?

— Et j’en suis bien content, j’aurais voulu avoir quelque chose à sacrifier au plaisir de vous voir ; mais l’affaire que j’avais à Lesponne peut être remise à demain.