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que lui, mais ils étaient encore verts, et ils lui offrirent de l’accompagner. Il les remercia en priant qu’on le laissât seul. Il promettait de ne pas aller loin sur la plage, on connaissait son goût pour la solitude, on ne voulut pas le gêner.

Le soir venu, comme il ne rentrait pas, ses frères, ses neveux et ses amis s’inquiétèrent. Ils partirent avec des torches, le curé et le pharmacien suivirent François du mieux qu’ils purent. On chercha toute la nuit, on explora la côte tout le lendemain et on s’informa tous les jours suivants. Les dunes furent muettes, la mer ne rejeta aucun cadavre. Une vieille femme, qui pêchait des crevettes sur la grève au lever du jour, assura qu’elle avait vu passer un grand oiseau de mer dont elle n’avait jamais vu le pareil auparavant, et qu’en rasant presque sa coiffure, cet oiseau étrange lui avait crié avec la voix de M. le baron : — Adieu, bonnes gens ! ne soyez point en peine de moi, j’ai retrouvé mes ailes.