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sois ici avec le jour, n’y manque pas ; sers-nous vite et bien, tu ne t’en repentiras pas.

Flochardet, resté seul avec Diane, s’approcha d’elle et toucha ses joues et ses petites mains. Il fut surpris et content de les trouver fraîches. Il essaya de lui tâter le pouls, bien qu’il ne connût pas grand’chose à la fièvre des enfants. Diane lui donna un baiser en lui disant :

— Sois tranquille, petit père, je suis très-bien ; c’est ma poupée qui a la fièvre, ne la dérange pas.

Diane était douce et aimante ; elle ne se plaignait jamais. Mais elle avait l’air si calme et si enjoué que son père se réjouit aussi.

« Elle a eu son accès tantôt, pensa-t-il ; elle divaguait lorsqu’elle a cru entendre parler une statue ; mais l’accès a été très-court et peut-être que le changement d’air a suffi à sa guérison. La vie de couvent ne lui convient peut-être pas. Je la garderai avec nous, et ma femme n’en sera certainement pas fâchée.

Flochardet s’enveloppa du mieux qu’il put, s’étendit sur les marches de la piscine à côté de l’enfant et ne tarda pas à s’y sentir assoupi, comme un homme encore jeune et bien portant qu’il était.

M. Flochardet n’avait pas plus de quarante ans. Il était joli de figure, aimable, riche, bien élevé et fort galant homme. Il avait gagné beaucoup d’argent à faire des portraits bien finis, bien frais, que les dames trouvaient toujours ressemblants parce qu’ils étaient toujours embellis et rajeunis. À vrai dire, tous les portraits de Flochardet se ressemblaient entre eux.