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En cherchant des yeux, il vit qu’une grande fente s’était ouverte à la déclivité de la falaise, et il s’y engagea avec précaution. C’était comme une rue nouvelle qui s’était creusée dans sa cité déserte ; elle le conduisit à des blocs inférieurs où il fut tout surpris de se retrouver auprès de son ermitage et de voir les roches toutes blanchies par le laisser des oiseaux. Il ne lui en fallut pas davantage pour découvrir quantité de nids où les œufs, chauffés par le soleil, attendaient la nuit pour être couvés, et autour desquels mainte plume révélait le passage des mâles. Ainsi les bihoreaux avaient déménagé, et le choix qu’ils avaient fait du voisinage de la grotte prouvait qu’elle était encore solidement assise dans les plis de la falaise. Content de cette découverte, Clopinet rentra chez lui facilement en franchissant un petit pli de terrain, et il se réjouit d’avoir ses anciens amis pour ainsi dire sous la main.

Décidément Clopinet aimait la solitude, car cette journée dans le désert lui fit l’effet d’une récompense après un long exil courageusement supporté. Il refit connaissance avec tout le prolongement des dunes et se mit bien au courant de leur nouvelle disposition. Il revit avec joie ses bonnes Vaches-Noires, toujours couvertes de coquillages ; il se baigna dans la mer avec délices et refit toutes ses anciennes observations sur les oiseaux qui habitaient ce rivage ou qui y campaient en passant. Il n’avait plus rien à apprendre sur leur compte, sinon que ce n’était plus les mêmes individus ou qu’ils n’avaient pas de mémoire, car ils ne parurent pas du tout le reconnaître