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ville et découvrit le cap derrière lequel Honfleur se cache.

Une autre joie fut d’être installé dès le lendemain dans la pièce qui lui fut donnée pour laboratoire, et où l’on avait déjà déposé les fioles, les matériaux et les outils que l’apothicaire avait envoyés et fournis pour son usage ; de cette pièce, on entrait de plain-pied dans le musée de M. le baron, et Clopinet vit là, dans de grandes armoires garnies de vitres, une quantité d’oiseaux étrangers et indigènes plus ou moins précieux, mais tous très-intéressans pour qui voulait apprendre leurs noms et leur classement.

Le baron étant venu le trouver là pour lui expliquer de quelle besogne il comptait le charger, Clopinet, qui avait la confiance que donne la simplicité du cœur, lui dit : — Monsieur le seigneur, votre provision d’oiseaux est mal rangée. En voilà un petit qu’on a mis avec les autres parce qu’il est petit ; mais ça ne va pas du tout. Il doit être à côté de ces gros-là parce qu’il est de leur famille, je vous en réponds. Il a leur bec, leurs pattes, et il se nourrit comme eux, je le sais, je le reconnais, ou si ce n’est pas absolument celui-là, c’en est un qui lui ressemble et qui doit être son cousin ou son neveu.

Le baron fit babiller Clopinet, qui n’était pas du tout causeur, mais qui, sur le chapitre des oiseaux, avait toujours beaucoup à dire ; il admira son bon raisonnement et la sûreté de ses observations, celle non moins remarquable de sa mémoire, car en une matinée il connut tous les noms que le baron voulut bien lui dire, et il les repassa sans faire aucune