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surpris. — J’avoue, dit-il, que ton mouvement a l’air plus naturel que le mien. Pourtant le mien était plus énergique.

— Plaît-il, monsieur ? dit Clopinet.

— Je veux dire que le mien avait l’air plus méchant. Ce sont des bêtes féroces que ces oiseaux-là !

— Et c’est en quoi vous vous trompez, monsieur, reprit Clopinet avec conviction. Les oiseaux ne sont pas méchants quand la faim ne les force pas à la bataille. Ceux-ci ne se battent pas pour se faire du mal, et ils ne s’en font presque jamais ; c’est un jeu qu’ils font par fierté quand on les regarde, et je vais vous dire : ils s’en vont, tous les mâles d’un côté et toutes les femelles de l’autre avec les petits. Ils choisissent des tas de sable où ils se mettent en rang, les femelles sur un autre tas les regardent. Alors les vieux disent aux jeunes : Allons, mes enfants, faites-nous voir comment vous savez vous battre. Et il en vient deux jeunes qui se gourment jusqu’à ce qu’ils tombent de fatigue, et puis il en vient deux autres ; quelquefois il y a deux paires qui se battent en même temps, mais toujours un contre un et jamais une bande contre une autre, ni à propos des femelles, ni pour la nourriture. Quand l’heure de cet amusement-là est finie, on va se promener ou manger ensemble, et on est bons amis.

— C’est possible, dit en riant l’apothicaire ; si tu as si bien regardé les oiseaux, tu en sais plus long que moi, et je reconnais que ce combattant me plaît mieux, tourné et dressé comme le voilà. Je pense