Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Il a été très-suffisant et je ne me désole pas d’être ici ; mais je veux savoir tout ce qui concerne la dame voilée. Quand on entre chez elle sans être invité, elle doit être mécontente ?

— Elle ne se fâche pas et ne se montre pas ; on ne la voit jamais, personne ne l’a jamais vue ; elle n’est pas méchante et n’a jamais fait de mal aux personnes ; mais on entend une voix qui vous crie : sortez ! et qu’on le veuille ou non, on se sent forcé d’obéir, comme si quelque chose de fort comme quarante paires de chevaux vous traînait.

— Alors, ceci pourra fort bien nous arriver, car elle ne nous a pas invités du tout.

— Pardon, monsieur, je suis sûr qu’elle a dû nous appeler, mais nous n’avons pas fait attention.

Flochardet se souvint alors que la petite Diane avait cru s’entendre appeler par la statue de la terrasse.

— Parle plus bas, dit-il aux postillon ; cette enfant a rêvé quelque chose comme cela, et il ne faudrait pas qu’elle crût à de pareilles folies.

— Ah ! s’écria Romanèche ingénument, elle à entendu !… C’est bien ça, monsieur ! La Dame au voile adore les enfants, et quand elle a vu que vous passiez sans croire à son invitation, elle a fait verser la voiture.

— Et abîmer tes chevaux ? C’est un vilain tour pour une personne si hospitalière !

— Pour vous dire la vérité, monsieur, mes chevaux n’ont pas grand mal ; un peu de sang et voilà tout. C’est à la voiture qu’elle en voulait ; mais si on