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main matin. Je dois aller embrasser mes parens et leur donner l’argent que j’ai gagné.

— Très-bien, mais ils te le garderont, et tu ne pourras plus voyager.

— Je pourrai toujours retourner à mon trou de la falaise et faire une nouvelle provision de plumes ; d’ici là, j’aurai leur permission pour me faire marin.

Clopinet suivit son idée. Il se fit enseigner son chemin, et dès le lendemain, vers midi, il se trouvait à la porte de son enclos.



VII


La première personne qu’il vit fut sa mère, qui le reconnut bien de loin malgré son changement, et pensa mourir de joie en le serrant dans ses bras. Clopinet en fut tout ému, car il s’était imaginé dans sa tristesse qu’elle ne l’aimait qu’un peu, et il vit bien qu’elle le chérissait d’autant plus qu’elle s’était fait violence pour le laisser partir. Le père Doucy, le frère François et les autres accoururent et lui firent grande fête, car de le voir si bien vêtu, si bien portant et si bien guéri de sa boiterie prouvait de reste qu’il n’avait pas souffert dans son voyage. On pensait qu’il arrivait de loin, et François lui-même le croyait, n’ayant pas été détrompé par l’oncle Laquille, qu’on n’avait point revu.