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mer, elle offrait encore par là un escarpement si raide, avec des veines de terre si friables, que le vertige vous prenait rien que de la regarder d’en bas.

Mais chaque jour qui s’écoulait rendait Clopinet moins poltron. Il apprenait à devenir prudent, c’est-à-dire brave avec tranquillité, et à raisonner le danger au lieu de le fuir aveuglément. Il étudia si bien les contours et les anfractuosités de la grande falaise, qu’il monta presque au faîte sans accident. Il fut bien récompensé de sa peine, car il trouva dans un trou quatre beaux œufs verts qu’il mit dans son panier, dont il avait garni le fond avec des algues. Il trouva là aussi de belles plumes, et il en ramassa trois qu’il mit à son bonnet. C’était trois plumes longues, minces et fines, blanches comme la neige, et qui paraissaient venir de la tête ou de la queue du même oiseau. Comme les œufs étaient tout chauds, il pensa bien alors que les mères venaient pondre ou couver la nuit et qu’il pourrait les surprendre et s’en emparer ; mais il pensa aussi que, pour un oiseau ou deux de pris, il effraierait tous les autres et risquerait de leur faire abandonner ce campement. Il préféra y trouver des œufs à discrétion quand il lui plairait d’y revenir et il les laissa tranquilles.

Huit jours s’étaient déjà passés, et Clopinet n’avait vu personne ni sur le rivage ni sur les dunes. Il avait été si occupé qu’il n’avait pas eu le temps de s’ennuyer ; mais quand il se fut bien installé et à peu près assuré de sa nourriture, quand les dunes et le rivage n’eurent plus un seul recoin qu’il n’eût