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qua que plus il montait, plus elle était douce ; cependant elle avait un goût terreux qui n’était point agréable. Enfin il découvrit un petit filet qui sortait de l’endroit rocheux et qui sentait le thym sauvage ; mais cette bonne eau tombait goutte à goutte, comme si elle eût voulu se faire prier, et il eût fallu un vase pour la recueillir. Il avisa en plusieurs endroits de grandes huîtres de pierres qui étaient engagées dans les marnes ; elles étaient presque toutes cassées ; la mer avait monté jusque-là autrefois, et les avait roulées. En cherchant mieux, il en trouva plusieurs très-larges et entières. Il les adapta bien adroitement les unes au-dessus des autres dans le passage du filet d’eau, de manière qu’elles pussent se remplir toutes et lui fournir une provision toujours prête et toujours renouvelée. Il attendit et en emporta une bien pleine pour déjeuner dans son jardin. Il n’avait que du pain sec, mais il n’était pas habitué aux confitures et savait fort bien s’en passer.

Il ne trouva pas la journée longue. Il faisait un temps charmant, et il s’amusa à regarder les plantes qui poussaient dans son gazon et qui ne ressemblaient pas à celles des herbages de la plaine. Il y en avait de désagréables, tout hérissées d’épines et de dards, mais il leur pardonna ; c’était comme des gardiens chargés de le défendre contre les visites fâcheuses. Il y en avait d’autres très-jolies qui lui plurent beaucoup et sur lesquelles il eut soin de ne pas marcher ni s’asseoir, car elles égayaient les alentours de son refuge et il se serait reproché de les abîmer.