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« Il n’y a pas d’esprits sur la mer, sur la terre je ne dis pas ! » et ses parents croyaient à toute sorte de lutins, bons ou mauvais, qui donnaient la maladie ou la santé à leurs bêtes. Clopinet ne se piquait pas d’en savoir plus long qu’eux. Il n’avait jamais eu affaire à des esprits quelconques avant d’avoir passé la nuit dehors ; mais depuis ce moment là il croyait aux esprits de la mer ; il pouvait donc bien croire à ceux de la terre, et il s’en inquiéta, car il avait lieu de les croire mal disposés pour lui. Peut-être voulaient-ils l’empêcher de demeurer dans la falaise, peut-être le tailleur était-il sorcier et avait-il le pouvoir de venir en esprit le tourmenter pendant la nuit. Tout cela était bien confus dans sa tête ; mais après tout, le fantôme qui disait dix-huit s’était enfui devant lui, et les autres n’avaient pas osé paraître. Ils s’étaient contentés d’imiter des cris d’animaux, peut-être pour le faire sortir de son refuge et l’égarer pendant la nuit. — Une autre fois, pensa-t-il, ils diront tout ce qu’ils voudront, je ne bougerai mie, je ne me perdrai plus dans la dune, je la connais à présent, et, si les lutins entrent dans ma grotte, je les battrai ; mon oncle l’a dit, il me poussera des ailes de courage.



IV


Il se mit à cherchée de l’eau à boire. L’eau ne manquait pas, il en sortait de tous les côtés. Il remar-