Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et se réserva l’autre, ils se passèrent de verres.

Tout en mangeant, le peintre observait sa fille. Elle était gaie et eut volontiers babillé au lieu de dormir ; mais quand elle n’eut plus faim, il l’engagea à se reposer, et on lui fit une couchette très-passable avec les coussins et les manteaux, dans une auge de marbre qui était au bord de la piscine. Il faisait un temps superbe, on était en plein été et la lune commençait à luire. D’ailleurs, il y avait encore une bougie et l’endroit n’était point triste. L’intérieur avait été peint à fresque. On voyait encore des oiseaux voltigeant dans les guirlandes du plafond et cherchant à attraper des papillons plus gros qu’eux. Sur les murailles, des nymphes dansaient en rond en se tenant par la main. Il manquait bien à celle-ci une jambe, à telle autre les mains ou la tête. Étendue sur son lit improvisé, avec sa poupée dans ses bras, Diane se tenant tranquille en attendant le sommeil, regardait ces danseuses éclopées et leur trouvait quand même un grand air de fête.