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terrain environnant. Il y plaça son paquet et coupa des herbes sèches pour se faire un lit sur le banc de pierre. — À présent, se dit-il, le tailleur ni ma tante Laquille ne me trouveront jamais. Je suis très-bien, et si j’avais seulement une de nos vaches pour me tenir compagnie, je ne m’ennuierais point.

Il regrettait ses vaches, que pourtant il n’avait jamais beaucoup aimées, et la tristesse le gagnait. Il prit le parti de dormir, car il avait assez de pain pour deux jours, et il s’était promis de ne pas se montrer tant que le tailleur pourrait être dans les environs. Il dormit longtemps, et, le soir étant venu, il était rassasié de sommeil. Encouragé par l’obscurité, il parcourut ce qu’il lui plut d’appeler son jardin, car il y avait beaucoup de fleurs. C’était tout de même un drôle de jardin ; cela était fait comme un fossé de verdure entre des talus tout droits qui ne laissaient voir qu’un peu de ciel. On y était dans un trou, mais ce trou, placé très-haut sur la dune, n’avait pas de chemin pour monter ni descendre, et Clopinet, ne se souvenant pas bien comment il y était arrivé, se demanda s’il retrouverait le moyen d’en sortir.

Comme il avait l’esprit assez tranquille, ne souffrant plus ni de faim ni de fatigue, il s’essaya pour la première fois à raisonner et à prévoir. Il n’y a rien de tel pour cela que d’y être forcé. Il se dit que quelqu’un ayant demeuré là, il devait toujours être possible de s’y reconnaître. Il se dit aussi qu’il devait être proche de la mer, puisqu’il s’était tenu dans l’épaisseur de la dune loin du petit chemin qui en