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un bras cassé dans l’aventure. Elle eut envie de pleurer, mais voyant que son papa avait à regretter quelques objets plus précieux qui s’étaient brisés, elle eut le courage de ne pas se plaindre. Le postillon trouvait une consolation à constater que deux bouteilles de bon vin avaient échappé au désastre, et en les apportant il les regardait d’un air tendre.

— Allons, lui dit Flochardet, puisqu’après tout tu nous as trouvé un gîte et que tu te montres dévoué à nous servir… Comment t’appelles-tu ?

— Romanèche, monsieur !

— Eh bien, Romanèche, tu souperas avec nous, et tu dormiras dans cette grande salle, si bon te semble.

— Non, monsieur, j’irai panser et soigner mes chevaux, mais un verre de vin n’est jamais de refus, surtout après un malheur. D’ailleurs je vous servirai. La petite demoiselle voudra peut-être de l’eau ; je sais où est la source. Je lui arrangerai son lit ; je sais soigner les enfants, j’en ai !

En parlant ainsi, le brave Romanèche disposait toutes choses. Le souper se composait d’une volaille froide, d’un pain, d’un jambon et de quelques friandises que Diane grignota avec plaisir. On n’avait ni chaises ni table, mais, au milieu de la salle, une piscine de marbre formait un petit amphithéâtre garni de gradins où l’on put s’asseoir à l’aise. La source qui avait jadis alimenté le bain et qui jaillissait encore dans le cloître, fournit une eau excellente que Diane but dans son petit gobelet d’argent. Flochardet donna une bouteille de vin à Romanèche