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ni rats, ni chouettes, ni serpents. Attendez-moi sans rien craindre.

En effet, ils étaient arrivés, tout en parlant et en traversant plusieurs corps de logis plus ou moins ruinés, à une sorte de pavillon bas et lourd, d’un style sévère. C’était, comme le reste du château, un édifice du temps de la renaissance, mais tandis que la façade offrait un mélange capricieux de divers ordres d’architecture, ce pavillon, situé dans une cour en forme de cloître, était en petit une imitation des thermes antiques, et l’intérieur était assez bien clos et passablement conservé.

Le postillon avait apporté une des lanternes de la voiture avec sa bougie. Il battit le briquet, et Flochardet put s’assurer que le gîte était possible. Il s’assit sur un socle de colonne et voulut prendre Diane sur ses genoux, pendant que le postillon irait chercher les coussins et les effets.

— Non, mon papa, merci, lui dit-elle. Je suis très-contente de passer la nuit dans ce joli château. Je ne m’y sens plus malade. Allons aider le postillon, ce sera plus vite fait. Je suis sûre que tu as faim, et, quant à moi, je crois que je goûterai aussi avec plaisir aux gâteaux et aux fruits que tu as mis pour moi dans un petit panier.

Flochardet, voyant sa petite malade si vaillante, l’emmena, et elle sut se rendre utile. Au bout d’un quart d’heure, les coussins, les manteaux, les coffres, les paniers, en un mot tout ce que contenait la voiture fut transporté dans la salle de bains du vieux manoir. Diane n’oublia pas sa poupée, qui avait eu