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— Hélas ! ma tante, vous pourriez bien dire que je n’ai pas filé du tout !

— Ne pleure pas, mon enfant, ça viendra, ça viendra avec le temps et la patience…

— Ah ! vous dites toujours comme cela, s’écria Catherine dépitée ; vous en avez vraiment trop, vous, de la patience, ma chère grand’tante ! vous me traitez comme un petit enfant, vous ne me croyez pas capable d’apprendre vite, et si vous vouliez pourtant !…

— Voyons ! dit la tante, tu me fais des reproches comme s’il y avait un secret pour remplacer la volonté et la persévérance. Je te déclare que je n’en connais pas, et qu’il ne m’en a été révélé aucun. Tu fais la moue ? tu as quelque idée que je ne devine pas ; veux-tu m’ouvrir ton cœur et m’y faire lire comme dans un livre ?

— Oui, je le veux, dit Catherine en s’asseyant sur une grosse pierre moussue auprès de madame Colette. Je vous dirai tout, car j’ai une faute sur la conscience ; et je crois que c’est cela qui me rend un peu folle.

Catherine alors se confessa de sa curiosité, et raconta comme quoi elle avait regardé à travers la fente de la porte de sa tante. — Je n’ai rien vu et rien surpris, dit-elle, vous n’y étiez point ; mais, si vous n’eussiez pas été sortie, je vous aurais vue travailler, et j’aurais volé votre secret.

— Tu n’aurais rien volé du tout, répondit madame Colette. Je te répète que je n’ai point de secret. Si tu étais entrée dans ma chambre, tu aurais pu monter