Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette chose si belle qu’elle aurait voulu toucher, et qui paraissait tout près, bien qu’elle fût très-loin. Elle vit alors ce qu’elle n’avait pas encore vu dans le ciel de ce pays-là, des flocons de petits nuages dorés qui s’amassaient autour de la plus haute dent du glacier et qui lui faisaient comme un collier de grosses perles. — Comme c’est joli, se disait-elle, et comme je voudrais savoir faire un fil assez menu pour enfiler des perles si légères !

Comme elle pensait cela, elle vit sur la dent du glacier quelque chose de petit, mais de brillant, un point rouge qui se mouvait aux rayons du soleil, juste au-dessus du collier de petits nuages. Qu’est-ce que cela pouvait-être ? Une fleur, un oiseau, une étoile ?



XI


— Si j’avais, pensait-elle, les lunettes d’argent de ma grand’tante, je verrais certainement ce que c’est, car elle m’a dit qu’avec ces lunettes-là elle voyait tout ce que les yeux ne voient pas.

Il lui fallut bien se contenter de ses yeux, et, regardant toujours, elle vit le petit point rouge attirer à lui tous les petits nuages dorés, jusqu’à ce qu’il en fut si enveloppé qu’on ne le voyait plus du tout. Tous les petits nuages réunis n’en faisaient plus qu’un gros qui brillait et tournait en boule d’or au sommet