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bois, et, quand il avait du temps de reste, il chassait et n’aimait pas d’autre compagnie que celle de son chien. Catherine se trouvait souvent seule, elle ne voyait sa grand’tante qu’aux heures des repas ; le soir, madame Colette se retirait de bonne heure dans sa chambre pour travailler. Renée ronflait aussitôt qu’elle avait la tête sur le traversin ; Catherine songeait, rêvassait et pleurait quelquefois. Elle se disait qu’au train dont madame Colette menait les choses, elle aurait des cheveux blancs comme elle avant de savoir filer aussi bien qu’elle, et, songeant à sa mère, elle craignait ses moqueries quand, au bout de trois mois, celle-ci ne la trouverait guère plus avancée que le premier jour.

Un matin, Catherine sortit de bonne heure. Elle avait pris la résolution de filer si bien ce jour-là que la tante se verrait forcée de lui donner son secret. Elle alla s’asseoir dans les rochers pour ne rien voir autour d’elle et n’être pas distraite ; mais peut-on ne rien regarder ? Elle leva les yeux malgré elle, et vit le glacier qui montait au-dessus d’elle et le haut de la montagne qui se trouvait à découvert. Jusqu’à ce moment, Catherine ne l’avait pas vu, parce qu’il y avait toujours eu une vapeur qui le cachait. Le ciel étant enfin très-pur, elle admira ces belles neiges dentelées en blanc sur l’air bleu, et fut reprise du désir d’aller jusque-là ; mais c’était très-dangereux. Renée l’en avait avertie, et la tante Colette lui avait défendu d’essayer, disant que cela était bon pour des garçons.

Catherine se contenta de regarder en soupirant