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tenir, et, marchant pieds nus avec précaution, elle gagna l’escalier. Il était en bois, et Catherine craignait bien de le faire craquer. Elle était si légère qu’elle réussit à atteindre sans bruit la dernière marche et à regarder dans la chambre de sa tante par la petite fente de la porte. Devinez ce qu’elle vit ?


IX


Elle ne vit rien qu’une chambrette très-propre, avec une petite lampe pendue dans la cheminée. Il n’y avait personne dans cette chambre, et Catherine se retira toute confuse, car elle sentait bien qu’elle venait de faire quelque chose de très-mal en voulant s’emparer par surprise d’un secret qu’elle ne méritait plus d’apprendre. Elle retourna à son lit en se faisant des reproches qui furent cause qu’elle eut de mauvais rêves. Elle se promit en s’éveillant de n’être plus si curieuse et d’attendre le bon plaisir de sa tante. Renée l’emmena traire les vaches, et puis elles les menèrent au pré, si l’on peut appeler pré un ressaut de montagne tout herbu naturellement et point du tout cultivé. C’était tout de même un endroit bien joli. Une belle eau bien froide qui suintait du glacier se détournait en suivant le rocher et allait tomber en cascades au bout de l’herbage, Catherine, qui n’avait jamais vu de cascade que dans l’écluse des moulins, trouvait cette eau si belle