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dont je m’étais toujours doutée ; c’est qu’on peut manier ces choses-là. Quand j’étais petite, une fois… elle s’arrêta en voyant sa mère lui faire de gros yeux, comme pour lui dire : ne recommence pas cette sornette-là !

Madame Colette voulut tout savoir, et Sylvaine lui dit : — Excusez une enfant, ma tante. C’est encore si jeune ! Son idée n’est point de se moquer de vous comme vous vous êtes moquée d’elle ; c’était votre droit, elle sait bien que ce ne serait pas le sien.

— Mais enfin, reprit la vieille, ça ne me dit pas ce qu’elle voulait dire !

— Ma chère grand’tante, dit Catherine avec des yeux pleins de larmes, je ne me permettrais pas de me moquer, et pourtant maman me croit menteuse. Je vous assure qu’une fois, étant petite, j’ai ramassé un petit nuage blanc dans mon tablier !

— Ah ! oui-dà ! dit la tante sans paraître ni fâchée, ni surprise. Et qu’en as-tu fait, ma mignonne ? As-tu essayé de le filer ?

— Non, ma tante, je t’ai laissé s’envoler, et il est devenu tout rose, et même il est parti en chantant.

— As-tu compris ce qu’il disait dans sa chanson ?

— Pas un mot ! Dame, j’étais si jeune !

— Après qu’il s’est envolé, ne s’est-il pas changé en tonnerre ?

— Vous dites justement la vérité, ma tante ; il a effondré notre toit, et il a cassé notre gros pommier, qui était tout en fleurs.

— Voilà ce que c’est que de ne pas se méfier des ingrats ! reprit madame Colette, toujours très-sé-