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— Eh bien ! qui te dit qu’on ne puisse pas filer les nuages ?

— Excusez-moi, je ne savais pas, dit Catherine, devenue toute pensive et toute sotte.



VII


— Tu vois bien, lui dit Sylvaine, que ta grand’tante se moque de toi ?

— Pourtant, reprit la tante, vous savez comment on m’appelle dans le pays ?

— Je l’ignore, répondit Sylvaine ; nous ne comprenons pas le langage de la montagne, et vous pouvez vous gausser de nous tant qu’il vous plaira.

— Je ne gausse point. Appelez Benoît, mon petit valet, qui sert le dîner sous le berceau ; il parle français, demandez-lui comment je m’appelle.

Sylvaine appela Benoît, et bien honnêtement lui fit la question : — Comment, dans le pays d’ici, appelle-ton madame Colette, ma tante ?

— Eh pardi, répondit Benoît, on l’appelle la grande fileuse de nuages !

On questionna de même la petite servante, qui répondit sans hésiter la même chose.

— Voilà qui est étonnant par exemple ! dit Catherine à sa mère, filer des nuages ! Eh bien ! pourtant, ma tante, ajouta-t-elle, vous m’apprenez une chose