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I


Catherine avait trois brebis à garder. Elle ne savait encore ni lire ni écrire ; mais elle ne causait pas trop mal, et c’était une très-bonne fille, seulement un peu curieuse et changeant de caprice volontiers, ce qui prouve qu’au moins elle n’était pas têtue.

Un peu après la Noël, ses trois brebis lui donnèrent trois agneaux, deux très-forts et le troisième si petit, si petit, qu’on eût dit un petit lapin. La maman de Catherine, qui s’appelait Sylvaine, méprisa beaucoup ce pauvre agneau et dit que ce n’était pas la peine qu’il fût venu au monde, qu’il ne s’élèverait pas, ou qu’il resterait si chétif qu’il ne vaudrait pas l’herbe qu’il mangerait.

Ces paroles firent de la peine à Catherine, qui trouvait cette petite bête plus jolie, plus à son gré et à sa taille que toutes les autres. Elle se promit d’en avoir grand soin, et lui donna le nom de Bichette, car c’était une agnèle.