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— Aux grenouilles surtout ! reprit Puypercé, riant toujours, au point qu’il en avait les yeux rouges ; vous protégez les grenouilles, vous leur parlez poliment, vous êtes au mieux avec elles !

— Et quand cela serait, dit Marguerite fâchée, qu’est-ce que vous y trouvez de si ridicule et de si plaisant ?

— Rien ! répondit Puypercé en redevenant tout à coup sérieux ; quand une grenouille a de l’esprit et de la grâce… On s’habitue à tout, et autant cette bête-là qu’une autre. Je vous promets, ma cousine, de ne faire aucun mal à vos amies. Parlons d’autre chose, et croyez que je ne me moque point ; vous êtes une personne aimable, et, si vous aviez vu le monde, vous gagneriez beaucoup.

— C’est donc bien beau, le monde ? pensait Marguerite en revenant au manoir, appuyée sur le bras du colonel. Elle se sentait prise d’une grande curiosité, et, le soir venu, elle ne put se défendre de demander à madame Yolande pourquoi elle ne quittait plus jamais la campagne.

— Eh ! eh ! Margot, répondit la bonne dame, voilà que tu t’ennuies d’être une campagnarde ? Prends patience, mon enfant, je suis bien vieille, et tu ne tarderas pas à être libre de vivre où tu voudras.

Marguerite fondit en larmes, et, se jetant au cou de sa bonne-maman, elle ne put lui dire un mot ; mais madame Yolande comprit bien son bon cœur et sa grande amitié. Alors elle se tourna vers son petit-neveu et lui dit : — Tu t’es trompé, mon garçon, Margot ne s’ennuie pas avec moi et ne souhaite pas