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mer pour lui avoir beaucoup pardonné ; car c’est une loi des bonnes natures : on s’attache à ce qu’on a supporté, on tient à ce qui vous a coûté beaucoup. Les grands cœurs aiment le sacrifice, cela est bien heureux pour les cœurs étroits. Il n’y a des uns et des autres, et en apparence les derniers vivent aux dépens des premiers. Mais, en réalité, ceux qui donnent et pardonnent connaissent les plus hautes jouissances, car c’est avec eux que se plaisent les génies et les fées, esprits absolument libres dans leur manière de voir, qui fuient les personnes enchantées d’elles-mêmes et ne se montrent qu’aux yeux agrandis par l’enthousiasme et le dévouement.


Nohant, 1er février 1873.