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— Au château de Pictordu ? lui dit Diane avec surprise ; vous me disiez que vous habitiez encore chez votre père. Est-ce que vous avez fait relever le vieux manoir ?

— Pas en entier, répondit la vicomtesse, cela ne nous eût pas été possible ; mais nous avons restauré un petit pavillon et nous nous y installons le mois prochain. Il y a une chambre d’amis. Si vous voulez l’étrenner, vous serez la plus aimable personne du monde.

L’offre était sincère. Blanche ajoutait que son père serait heureux de la revoir, ainsi que M. Flochardet, dont il s’était toujours souvenu avec complaisance et qu’il appelait son ami Flochardet quand il entendait parler de ses beaux ouvrages.

Diane eut un grand désir de revoir Pictordu, et elle promit de faire son possible pour s’y rendre le mois suivant, avec ou sans son père, car celui-ci l’engageait depuis longtemps à faire un petit voyage pour se distraire, ne fût-ce que d’aller voir à Mende sa vieille tante la religieuse. Pictordu se trouvait à peu près sur son chemin, et certes elle ferait un détour pour s’y rendre.

Quand madame Laure sut que Diane songeait à prendre un peu de repos nécessaire à sa santé, elle en eut de l’humeur. Il lui avait bien fallu reconnaître qu’elle gagnait plus d’argent que son père, qu’elle était plus estimée comme peintre et plus aimée. Son absence pouvait compromettre les intérêts de la maison, et elle le fit si aigrement sentir que Diane en fut impatientée à l’excès. On lui mar-